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Assises de lutte contre l'antisémitisme : Acte II


Ce jeudi 13 février, jour anniversaire de la mort d'Ilan Halimi, quelques 800 personnes ont participé à l'Acte II des Assises de lutte contre l'antisémitisme, à la Maison de la Radio. Les travaux de l'acte I avaient été interrompus du fait de la dissolution de l'Assemblée nationale.

Les ministres Aurore Bergé et Elisabeth Borne ont ouvert ces assises dont la première partie était dédiée à la jeunesse.

Aurore Bergé a convaincu de sa volonté d'éradiquer la haine antisémite. Elle a rappelé que "l'antisionisme et la haine décomplexée d'Israël sont le nouveau visage de l'antisémitisme". Elle s'est prononcée pour une République forte et juste qui sanctionne, rassemble et protège. Ses trois exigences : Entendre, Dire, et Faire.


Elisabeth Borne, a déclaré que l'éducation était une priorité, qu'il fallait renforcer la prévention, la formation, et lutter contre la banalisation des insultes, des propos et gestes antisémites, sanctionner.

Les témoignages des jeunes (du collège à l'université), victimes ou témoins d'actes antisémites nous ont secouées. Au-delà de l'émotion, nous avons relevé quelques unes de leurs propositions :

  • mettre en place des formations spécifiques pour les référents au harcèlement dans les établissements scolaires, référents qui doivent être en capacité de sanctionner.

  • concernant "l'antisémitisme d'atmosphère" régnant dans certaines universités, les associations intervenant dans les campus devraient obligatoirement signer une charte qui inclut la définition de l'IHRA* de l'antisémitisme, avec des sanctions pour non-respect de la charte.

    On a bien aimé ces quelques mots : " l'intelligence ne vaccine pas contre l'antisémitisme", "le rôle de certains médias, les ingérences étrangères"...


    La deuxième partie a déroulé un volet juridique, un volet enseignement supérieur et un volet historique.

  • Maître Ouaknine-Melki avocate de l'OJE** souligne que la justice a du mal à se positionner quand il s'agit d'une affaire politique ( cf les élus LFI). Elle note aussi les difficultés de procédures ainsi que leurs délais. Elle

    appuie la LICRA*** qui demande depuis des années la sortie des délits racistes de la loi de la presse (1881) : injure, diffamation, provocation à la haine raciale, apologie et contestation de crimes contre l'humanité.

  • Le propos du recteur Khaled Bouabdallah, délégué de la région académique Occitanie, a montré combien il est difficile de travailler avec les présidences d'université qui sont pourtant encouragées à faire des signalements aux procureurs. Nous avons bien noté que les sections disciplinaires sont constituées de professeurs et d'étudiants dont il faudrait accroître la formation sur le sujet.

  • Madame Marie-Anne Matard-Bonucci, historienne, a insisté sur les spécificités de l'antisémitisme, même s'il y a des liens avec les autres racismes. Elle a distingué trois spécificités : la longévité de ce fléau dans le temps, sa propagation sur toute la planète, mais aussi sa plasticité selon les moments : le juif capitaliste, le juif révolutionnaire, le maître du monde, le coupable de ce qui se passe à Gaza ...

    Madame Aurore Bergé a conclu la matinée en rappelant que "la République est là !" et combien il est important de lutter contre l'indifférence. Elle a également noté qu'une proposition de loi était à l'étude au Sénat pour lutter contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur. Deux groupes de travail, l'un tourné vers le juridique, l'autre vers l'éducation tout au long de la vie, devront faire des propositions. Il y aura donc un Acte III des Assises.

En revanche, les affiches qu'elle a dévoilées dans le cadre d'une campagne de communication à venir n'ont pas recueilli l'enthousiasme. Loin s'en faut. La ministre a donc décidé de revoir sa campagne, en lien avec les associations. Sur ce dernier point, on ne sait pas qui a buggé. Mais il est heureux que la ministre, soucieuse de travailler avec les associations pour réussir à faire reculer le fléau de l'antisémitisme, ait pris cette décision. C'est tout à son honneur.


*IRHA : voir la résolution adoptée à l'Assemblée nationale en décembre 2019 pour lutter contre l'antisémitisme https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15t0361_texte-adopte-seance


**OJE Organisation Juive Européenne, association communautaire crée en 2014. Son site étant actuellement en maintenance, vous pouvez la retrouver sur les réseaux sociaux.


***LICRA, Ligue Contre le Racisme et l'Antisémitisme, créée en 1927, https://www.licra.org/


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